✍ Ma lecture du film « Le voyage de Chihiro »

Les productions Ghibli semblent avoir cette capacité à parler directement à nos émotions & à nos failles. J’ai toujours eu une certaine retenue à en visionner, et j’en comprends aujourd’hui les raisons.
C’est une fenêtre ouverte sur l’invisible : ce qu’on ressent, ce qu’on tait, ce qu’on porte, ce qu’on espère. Comme un écho émotionnel. Comme si le cœur reconnaissait le message avant même que l’esprit le comprenne.

Découverte du film d’animation
« Le Voyage de Chihiro »

Mots-clés : rite de passage, égarement, mémoire affective

Dès le premier quart d’heure, on plonge dans un univers étrange, qui fait émerger des sensations enfouies, illustrées par des non-dits puissants qui déstabilisent. On comprend vite que c’est un voyage initiatique qui débute avec de lourdes pertes et grand fracas.

Le parcours d’une enfant arrachée brutalement à ce qu’elle connaît et qui doit traverser une épreuve pour grandir, comprendre le monde autrement, et surtout, apprendre à ne pas perdre son identité. L’histoire d’une transformation intérieure lente, qui bouscule.

Les parents vont rapidement être soumis à leurs pulsions via un appétit démesuré et de ce fait subir une transformation sans appel. Chihiro, malgré la peur, l’abandon, la solitude et le sentiment d’impuissance, ne renonce jamais. Elle fait confiance à son cœur, traverse ses émotions, fait preuve de courage, mais sans forcer. Elle tient debout malgré l’incertitude, transcendant la douleur sans se perdre. Lorsqu’elle franchit le fameux tunnel, rien n’est plus comme avant, elle est projetée dans une réalité qu’elle n’a pas choisie.

Haku, allié précieux dans son aventure, la guide et la protège, mais lui-même est prisonnier d’une situation qu’il ne comprend pas totalement, en proie à ses propres failles, car il a oublié qui il est, soumis à son masque, à ses peurs et sa fuite. Perdu, il est attaché par une sorte de pacte – dont les contours s’effacent progressivement – à Yubaba, la sorcière régente qui prête ses traits à la figure de l’emprise psychologique abordée par le film.

Mais l’énergie et l’amour de Chihiro veillent au grain, car même si elle ne peut aider quelqu’un qui refuse de se souvenir de lui-même, elle peut devenir le phare dans la brume pour lui permettre de retrouver son chemin.

Se souvenir de qui l’on est permet de retrouver sa liberté, et l’amour sincère, celui qui respecte et qui ne force pas, joue un rôle fondamental dans ce cheminement, il libère lorsque la maturité émotionnelle et l’acceptation des épreuves comme passage initiatique sont incarnées.

Dans ce film d’animation, ce n’est pas une solution miracle qui œuvre pour le juste dénouement, c’est une traversée intérieure utilisant notamment l’image d’un train qui symbolise le passage vers la maturité et le lâcher prise. Un voyage qui prend du temps et vole quelques plumes au passage. Un conte qui met en lumière l’espoir discret, mais puissant.

Avril 2025

✍ Article du passé : « Palladium VS Converse »

Je ressors des vieilles archives poussiéreuses de mon ancien blog un article que j’avais rédigé en avril 2008 (ça ne nous rajeunit pas, ça, ma jeune dame !) Ce qui m’y a fait penser ? Une photo, prise cet été, de deux paires de Converse au soleil, symbole, s’il en est à mes yeux, d’une jeunesse pétillante à l’avenir plein de promesses ♥


Je me souviens encore aujourd’hui de mes fameuses Palladium Pampa Low couleur lie-de-vin, une teinte que j’affectionnais particulièrement à l’époque, tout comme le bleu nuit, le noir, le camel… des couleurs d’ado des 90’s !

Mes « Palla », jusqu’à leur belle mort, trouées de partout qu’elles étaient et pleines de souvenirs de ballades et autres crapahutages de gamine (pas) boutonneuse, me donnaient l’impression justifiée d’être « in » et surtout, se mariaient véritablement avec l’ensemble de ma garde-robe, de mes jeans à mes petites jupettes d’été (rares, il faut le dire).

Je me sentais tellement bien dedans que je ne voulais rien porter d’autre et surtout, pas les jeter comme des malpropres, malgré l’air pitoyable qu’elles ont fini par me donner !

C’est mon mec de l’époque qui les a sauvagement jetées à la poubelle, sous mes yeux plein de larmes n’arrivant pas à se détacher de cette terrible condamnation sans possibilité d’appel que représentait la benne à ordure. Ben oui, fallait aller jusqu’à la benne, car la poubelle de la cuisine ne me faisait pas peur : je les avais déjà repêchées pour les passer à la machine et les remettre tendrement sur mes mignons petits pieds.

Non, non, je ne suis pas folle. J’ai des goûts prononcés et je sais ce que je veux, nuance. Le problème résidait d’ailleurs plus dans le fait que je ne trouvais pas de sœurs, si possible jumelles, à Palladium chéries et que donc, je n’avais pas de solution intermédiaire pour satisfaire tout le monde. Mon mec de retrouver une copine aux pieds regardables, mon entourage de ne plus se prendre murs et réverbères pour cause de focalisation sur un point situé autour de mes pompes, et moi… ben moi ça allait !

Finalement, après que la benne a eu raison de mes chaussures adorées, et dont je garderai toujours au fond de mon cœur l’odeur particulière (hum), j’ai commencé à farfouiller dans les magasins des Halles (celles de Paris), à la recherche de la pièce unique de mon meuble à chaussures. Et justement…

Quoi de mieux que des All Star pour remplir le rôle ? La perfection même (odeur comprise) ! Le style, l’élégance, la chaussure qui collait parfaitement aux jeans (un peu moins aux jupettes, j’en conviens, mais devinez quoi ? c’est pile à ce moment que j’ai arrêté d’en mettre, des jupettes) et surtout, à mon goût immodéré pour le « out-fashion », courant que je privilégie depuis mon plus jeune âge (sur lequel j’avais fait une croix temporaire le temps de mes Palla, je l’admets…).

J’avais trouvé la perle rare. Ma première paire de Converse toujours dans les tons bordeaux, montante, a duré presque deux ans. La seconde, basse et rouge, un peu plus d’un an. Et depuis, j’use les All Star comme je change la couleur de mes rideaux, c’est à dire environ une fois tous les deux ans, car je ne suis plus une gamine (non, non), je sais mettre d’autres chaussures que mes baskets… au moins pour garder celles-ci plus longtemps !

Aujourd’hui, je gravite une nouvelle fois avec des All Star bordeaux, montantes… et mon oeil lorgne sur une petite paire basse et blanche… à moins que je ne me tourne vers Palladium, qui sort des modèles sympas pour l’été 2008… mais rien n’est moins sûr !


Et alors, qu’en est-il aujourd’hui ? Exit les Palla, définitivement. Quant aux Converse, les années et le poids en trop pèsent sur mes pauvres articulations et tendons, et il faut dire que les Converse, sur ce point, ne sont pas trop tendres. Aucun drop, une semelle dure et pas assez de tige sur les modèles bas pour insérer une paire d’orthèses (car voyez-vous, je traine une tendinite à la cheville depuis trois ans…. c’est long, trois ans.)

Donc la jolie paire basse couleur jaune que je possède va certainement finir en modèle de soirée, pour ces invitations où je ne marque pas beaucoup. La montante en jean avec flammes rouges et dorées en sequins qui m’avait mis plein d’étoiles dans les yeux va patienter le temps de voir si je parviens à venir à bout de tous ces « petits » maux.

L’avantage de ma génération, c’est qu’elle n’aura certainement plus trop à batailler avec les qu’en-dira-t-on et les regards de travers dans une vingtaine ou une trentaine d’années, lorsque les cheveux blancs mettront des fringues qui auront déjà été au moins deux fois à la mode entretemps.

✍ Article du passé : « Suspens… »

Je poste régulièrement sur le profil Instagram de la boutique que je tiens en parallèle de mon activité d’écriture, des points de règles orthographiques, typographiques, syntaxiques et j’en passe…

Sous un post qui parlait de ponctuation, les points de suspension pour ne pas les nommer, j’ai évoqué le texte rédigé et posté sur mon blog de l’époque, en 2008 donc, qui m’a permis de rencontrer mon mari. Oui, ni plus ni moins.

Tout est parti d’une pensée mise en mots sur un signe de ponctuation que j’aime énormément, pour finir sur une vie à deux que j’aime bien plus encore… Je vous le livre ci-dessous, ainsi que le commentaire qui a mis le feu aux poudres.


Si les points de suspension pouvaient parler, ils pourraient en dire des choses et des choses…
Pierre Dac

J’use et abuse de cette ponctuation, tour à tour pour nuancer mes propos, qui peuvent parfois être mal interprétés à la lecture, également pour laisser planer le doute, histoire de ne pas briser une ambiance, mais aussi pour donner la possibilité au lecteur d’imaginer la suite, à sa guise… suivant la complicité qui nous lie ou le sujet exploité…

J’aime les points de suspension, car comme le disait si justement Pierre Dac, ils peuvent tout dire… ils laissent libre cours à l’inspiration du moment, au désir qui naît et à l’envie qui pointe. Utilisés autour d’un thème sans équivoque, les points de suspension donnent de l’intensité aux échanges, ils les rehaussent d’un petit quelque chose d’indéfinissable…

En abordant des sujets plus sérieux, ils permettent de casser une phrase lourde de sens, afin de la rendre plus digeste. Ils peuvent aussi atténuer la portée d’un propos, difficile à exprimer par l’écrit.

Dans le cadre d’un échange plutôt amusé, il donne la possibilité au correspondant de reprendre la main, d’ajouter son grain de sel à la joute qui se déroule virtuellement, puisque les points de suspension, vous en conviendrez, sont bien difficiles à utiliser dans la vie réelle !

Je veux bien entendu parler des conversations de vive voix : il n’est pas aisé de placer la ponctuation dont il est sujet ici… encore que… un silence dosé, un regard explicite, un geste en attente… oui… finalement…

Les points de suspension peuvent si bien se transposer en face à face…


Commentaire de Yo :

J’aime l’idée (et ton blog, que je découvre au passage, merci NS…).
Dans un récit, ils permettent la nuance, le contrepied, la réflexion. Dans un dialogue, qu’il soit écrit ou oral, les points de suspension sont une invitation. A poursuivre, à rebondir, à surenchérir. Ils sont aussi le refuge du timide, celui qui n’ose pas et qui espère que l’autre comprendra que ce silence ne demande qu’à être comblé sans être capable de le faire lui même. Il sont tout en subtilité, et encore davantage dans le langage corporel, bien sûr.


Ma réponse :

@ Yo, quel plaisir de te voir par ici ! En plus, j’ai enfin une adresse mail pour te contacter en dehors des projecteurs 😉 me reste plus qu’à trouver le temps !
Et merci d’avoir complété mon article de manière aussi convaincante…


Et la suite ?

Oh, ils vécurent heureux, sans faire d’enfant parce qu’ils en avaient déjà quatre à eux deux, mais avec des galères à surmonter et des épreuves de vie à traverser, sans oublier l’amour partagé des mots, de la lecture et de la rhétorique, en plus de celui qu’ils nourrissent l’un pour l’autre et pour leur famille recomposée, évidemment.